EXPERT ADVICE

Le prix d’un manque de carburant chez les athlètes féminines

Le prix d’un manque de carburant chez les athlètes féminines

Points clés

  • Le manque de carburant affecte les athlètes féminines plus tôt et plus fortement, surtout pour les os et la santé reproductive.

  • Une bonne nutrition est essentielle pour protéger les os, qui sont plus vulnérables chez les femmes.

  • Le cycle menstruel est un outil précieux pour suivre l’énergie disponible et le bien-être général.

  • Les entraîneurs ont un rôle clé en offrant communication ouverte et stratégies de nutrition personnalisées.

Introduction : Qu’est-ce que le manque de carburant ?

Le manque de carburant survient quand il y a un décalage entre l’énergie apportée par la nourriture et celle dépensée (entraînement, activités quotidiennes, fonctions corporelles essentielles). En clair : le corps ne reçoit pas assez d’énergie pour ses besoins.

Chez les femmes, les effets apparaissent souvent plus vite et dès des déficits énergétiques moindres, ce qui implique qu’elles doivent être proactives pour assurer un apport suffisant.

Santé des os : priorité absolue

Hommes et femmes risquent une santé osseuse compromise si le carburant manque. Mais les femmes ont en général une masse osseuse maximale plus faible et perdent de la densité osseuse plus tôt et plus vite que les hommes.

Donc, le manque de carburant représente un risque accru pour la santé des os chez les athlètes féminines. Protéger ses os via une nutrition adaptée est indispensable pour une carrière sportive durable.

Santé menstruelle : un indicateur intégré d’énergie

Le manque de carburant perturbe la fonction reproductive chez les deux sexes, mais chez les femmes les effets sont plus visibles et rapides. Le déficit énergétique peut réduire les fluctuations hormonales d’œstrogène et de progestérone, « coupant » le cycle menstruel.

Cette condition, appelée aménorrhée hypothalamique fonctionnelle, entraîne absences de règles, ovulation manquante et infertilité temporaire. Au-delà de la fertilité, un cycle perturbé est un signe clair que le corps manque de carburant et ne fonctionne pas au mieux.

Suivi de la santé menstruelle

Contrairement aux hommes, les femmes disposent d’un système intégré pour suivre partiellement l’énergie disponible : leur cycle menstruel. C’est un outil puissant et personnel pour savoir si elles se nourrissent correctement.

Méthodes de suivi :

  • Test de progestérone : prise de sang à moment précis pour mesurer les niveaux.

  • Kits d’ovulation : tests urinaires en vente libre pour vérifier l’ovulation.

  • Suivi des règles : un cycle régulier de 21–35 jours est normal. Des cycles rares (>35 jours) ou absents sont des signaux d’alerte.

Bien connaître son corps et ses cycles est crucial. Identifier tôt les irrégularités permet d’intervenir à temps, prévenir les problèmes de santé à long terme et optimiser entraînement et performance.

Conseils pour les coachs

  • Favoriser des discussions ouvertes et sans tabou sur l’alimentation et la santé menstruelle.

  • Considérer les règles manquantes ou irrégulières comme un signe de manque de carburant, pas comme un effet normal de l’entraînement intensif.

  • Aider les athlètes à maintenir une énergie disponible suffisante via des stratégies nutritionnelles personnalisées.

  • Encourager des bilans de santé réguliers, en particulier pour la santé des os et menstruelle.

Références

  • De Souza, M. J., et al. (2014). Female Athlete Triad Coalition Consensus Statement. British Journal of Sports Medicine.

  • Elliott-Sale, K. J., et al. (2021). Methodological considerations for studies in sport and exercise science with women. Sports Medicine.

  • Mountjoy, M., et al. (2018). IOC consensus statement on Relative Energy Deficiency in Sport (RED-S). British Journal of Sports Medicine.

  • Tenforde, A. S., et al. (2016). Female athlete triad risk and bone stress injuries. American Journal of Sports Medicine.

Écrit par :

Prof. Kirsty Elliott-Sale

Prof. Kirsty Elliott-Sale

Leader mondial en endocrinologie féminine et physiologie de l’exercice à la Manchester Metropolitan University. Ses recherches couvrent le cycle menstruel, les contraceptifs hormonaux, la ménopause et l’exercice pendant la grossesse, et soutiennent des athlètes, militaires et organisations de santé féminine dans le monde entier.

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